Soutenance de thèse de Leonhard KERSTEN- 08/12/2025

Le lundi 8 décembre à 14h dans l’amphithéâtre de la MSH Paris Nord, 20 Av. George Sand, 93210 Saint-Denis, Leonhard KERSTEN soutiendra sa thèse intitulée :

Profits over Patients: The biopharmaceutical industrial ecosystem in times of corporate financialization and biotechnology innovation

Le jury sera composé de :

Mme Marie Carpenter, Professeur, Institut Mines-Télécom — Examinatrice
Mme Nathalie Coutinet, Maîtresse de Conférences (HDR), Université Sorbonne Paris Nord – Directrice de thèse
Mme Leila Davis, Maîtresse de Conférences, University of Massachusetts Boston — Examinatrice
M. Marc-André Gagnon, Professeur, Carleton University — Rapporteur
M. Fred Ledley, Professeur, Bentley University — Examinateur
M. Antoine Rebérioux, Professeur, Université Paris Cité — Président du jury
M. Mustafa Erdem Sakinç, Maître de Conférences, Université Sorbonne Paris Nord – Co-encadrant
M. Olivier Wouters, Maître de Conférences, Brown University — Rapporteur

La soutenance sera également diffusée en visioconférence à https://bentley.zoom.us/my/lkersten

Résumé :

Cette thèse examine la financiarisation des entreprises dans l’industrie biopharmaceutique, en analysant comment les stratégies d’entreprise, les mécanismes financiers et les transformations institutionnelles influencent l’innovation et la création de valeur. Elle situe la financiarisation dans les traditions marxienne et veblénienne, en soulignant le passage de l’activité productive à l’activité financière, guidée par la maximisation de la valeur pour les actionnaires (MSV) en tant que modèle dominant de gouvernance d’entreprise. En s’appuyant sur les variables financières des grandes entreprises pharmaceutiques (Big Pharma), l’étude retrace les modes de financement des sociétés, montrant que les flux de trésorerie opérationnels restent prédominants mais sont de plus en plus complétés par le financement par endettement, qui soutient principalement les fusions-acquisitions (M&A), le refinancement de la dette et les distributions aux actionnaires plutôt que l’investissement productif sous forme de R&D et de dépenses d’investissement. L’émission d’actions ne contribue que marginalement aux fonds de l’entreprise, moins d’un pour cent, tandis que les distributions aux actionnaires représentent un quart des utilisations des fonds. La thèse démontre que le déclin de la productivité interne en R&D ainsi que l’usage des ratios de rentabilité financière incitent les entreprises à privilégier les acquisitions plutôt que l’innovation interne, les conduisant à dépendre des M&A financées par la dette pour maintenir leurs pipelines. L’analyse de 371 médicaments approuvés par la FDA (2010–2023) révèle que la plupart des innovations proviennent de sources externes ou collaboratives, les Big Pharma consolidant la propriété des actifs en développement et des médicaments déjà commercialisés, les blockbusters étant principalement externes ou co-développés. Enfin, l’étude évalue le modèle des blockbusters à la lumière des interventions politiques récentes, telles que l’Inflation Reduction Act, montrant que les médicaments les plus vendus sont principalement associés à des distributions aux actionnaires, tandis que les médicaments à faible vente sont corrélés aux investissements en R&D. Ces résultats illustrent collectivement que l’accumulation financiarisée de Big Pharma privilégie l’extraction de valeur sur sa création, restructure les priorités des entreprises et façonne l’écosystème industriel de l’innovation. La recherche met en évidence les implications de la croissance financée par la dette, de l’innovation par acquisitions, et de la concentration du pouvoir financier et de la propriété intellectuelle, pour la durabilité de l’innovation pharmaceutique et la gouvernance du développement futur des médicaments.

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